Publié le mardi 22 août 2017, par Rutilance.com
A son 16e Forum, du 8 au 10 Août à Lomé, la loi américaine sur la croissance et les possibilités en Afrique (AGOA), African Growth and Opportunity Act, a concédé une opportunité de plus au Togo.
M. Robert Lighthizer, le représentant au Commerce des Etats-Unis, a officiellement annoncé, lors de ce Forum, l’approbation du visa sur le textile et les vêtements en faveur du Togo. Mais, c’est à sept ans de l’échéance de l’AGOA qui arrivera à maturité en 2025, en espérant que le mécanisme soit encore renouvelé.
Sur le sujet, Rutilance.com a échangé avec Mme Dédé Ekoué, la présidente du comité national d’organisation du 16e Forum AGOA et ministre, conseillère du Président de la République Togolaise. (Lire entretien)
Rutilance.com : Mme Dédé Ekoué, la présidente du comité national d’organisation du 16e Forum AGOA, que représente ce visa pour le Togo ?
Dédé Ekoué : En fait, le visa textile est très important dans la mesure où le Togo a toujours eu une culture du textile africain. Le Togo constitue une plateforme reconnue à l’international pour la commercialisation du tissu africain outre nos tissus traditionnels. Nous avons, aujourd’hui, la chance de pouvoir vendre du tissu traditionnel produit dans notre pays, surtout la chance de pouvoir transformer ce textile traditionnel et des tissus importés africains ou non en vêtements et autres articles de consommation en vue de les exporter. A travers ce processus de transformation, nous créerons des emplois et nous augmenterons les revenus pour les jeunes et les populations à la base.
Apparemment, c’est une nouvelle page que ce visa ouvre pour le secteur du textile togolais, alors que l’AGOA arrive à maturité en 2025, soit dans sept ans !
Dédé Ekoué : Pour nous ça ouvre une ère. Nous avons la possibilité de mettre en place des industries légères qui sont spécialisées dans les vêtements et la fabrication des chaussures et autres articles à base de textiles, et pouvoir vendre aux Etats-Unis sans droits de douane ou avec des droits de douane préférentiels. Nous avons en plus un port en eau profonde de grande envergure et un hub aérien régional avec Asky et Ethiopian Airlines qui nous permettent de relier les Etats-Unis à des coûts et délais raisonnables. Ce visa textile couvre une large gamme de produits. Ce n’est pas seulement le fait d’avoir une industrie de production de tissu qui compte bien qu’elle aurait été un avantage de plus si cette industrie est compétitive.
Est-ce que ce visa peut inciter à aller vers le développement de l’industrie textile ? Le Togo produit un coton de qualité et a, maintenant, les Etats-Unis comme un marché vers lequel il a des facilités pour écouler ses produits textiles.
Dédé Ekoué : Je pense que cela va absolument inciter la modernisation du secteur et son industrialisation progressive. C’est une question d’étape. Nous ne devons pas forcement attendre qu’une nouvelle industrie de production de tissus vienne s’installer avant de commencer à utiliser le visa. Nous devons saisir l’opportunité aujourd’hui. Nous avons sept ans. Pour aller rapidement, le Togo devrait dans le court terme en plus de capitaliser sur le tissu traditionnel et artisanal tels que Lokpo, Kenté, Sata, Batakali etc. L’accord du visa est un moment opportun pour s’organiser pour mieux utiliser les compétences nationales en production d’habillement et ouvrages à base de textiles, profiter des industries de production de tissus qui existent dans la sous- région et régionale en attendant de monter une industrie de tissus au Togo. On peut bâtir une complémentarité sous régionale et régionale dans ce domaine en tenant des avantages comparatifs.
En quels termes le problème se pose- t-il ?
Dédé Ekoué : Ce visa textile représente aussi un atout additionnel à moyen terme pour attirer des investisseurs pour la production de tissus. Toutefois, la question à se poser dans l’immédiat est de savoir ce que nous pouvons vendre aujourd’hui sur la base de nos atouts du moment. Dès maintenant, les investisseurs nationaux et internationaux peuvent tirer profit de ce visa en mettant en place des industries légères de confection d’habits et en mutualisant les unités qui existent déjà. Nous avons des milliers de jeunes, d’hommes et des femmes qui ont les capacités de base pour la confection d’habits et d’articles de consommations, nous avons des tisserands traditionnels, des stylistes qui peuvent définir ce qui est beau pour être produit et des commerçants et commerçantes qui vendent déjà à l’international y compris aux Etats-Unis. Nous devons mettre à contribution ces compétences pour exporter des produits textiles confectionnés au Togo, créer de meilleurs emplois et booster les revenus de nos populations. Nous pouvons aussi en même temps poser les jalons pour une industrialisation future de la production de tissus dans notre pays, si cela s’avère rentable.