Publié le dimanche 29 janvier 2017, par Rutilance.com
Le troisième pays producteur d’or de l’Afrique aurait des pratiques fiscales à l’exportation qui seraient plutôt incitatives pour la contrebande de l’or en Afrique de l’ouest.
C’est en substance le contenu du rapport, L’Eldorado ouest-africain : Cartographier le commerce illicite de l’or en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso , publié le 26 janvier par l’organisation nord-américaine Partenariat Afrique Canada (PAC).
Il s’agit d’une enquête sur les problèmes liés à la gouvernance de l’exploitation artisanale de l’or dans les trois pays et sur les vulnérabilités engendrées par le commerce illicite de l’or dans la région.
Elle révèle que tous les pays ont pris d’importantes mesures visant à encourager le commerce légal de l’or artisanal, pendant que l’exploitation artisanale de l’or emploie trois millions de mineurs en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso.
Les trois pays concernés ont accéléré ces dernières années la mise en valeur de leur potentiel aurifère avec des attributions en série des permis d’exploration et d’exploitation couvrant de vastes superficies.
Partenariat Afrique Canada rapporte avoir découvert que le Mali n’applique les taxes à l’exportation que sur les 50 premiers kg d’or par mois.
Cette politique « favorise la contrebande puisque les négociants font traverser l’or en contrebande de l’autre côté de la frontière, au Mali, de manière à bénéficier d’un important allégement fiscal », a estimé l’organisation canadienne.
« L’application nuisible des lois fiscales par le Mali est une cause de préoccupations dans la région parce qu’elle favorise activement le commerce illicite de l’or. », a dit Joanne Lebert, directrice générale de PAC.
A son analyse, les voisins du Mali sont privés d’importants revenus fiscaux car les négociants font traverser l’or en contrebande au-delà de la frontière pour tirer profit de l’allégement fiscal.
« Dans une large mesure, les statistiques du Mali sur l’exportation illustrent une tendance préoccupante, et il incombe aux affineurs et aux acheteurs internationaux d’exercer une diligence raisonnable accrue sur l’or exporté de ce pays afin de s’assurer que l’or est propre », a ajouté Mme Lebert.
Selon PAC, l’analyse de la production d’or et des statistiques sur le commerce de l’or au Mali, de même que des importations d’or malien déclarées par les Émirats arabes unis, a permis de mettre en évidence des écarts majeurs dans les données rapportées.
Sur une période de quatre années, les importations d’or malien par les EAU ont successivement dépassé la totalité de la production du Mali.
En 2013, le Mali a déclaré une production de 40 tonnes d’or, tandis que les EAU déclaraient en avoir importé 49,6 tonnes.
En 2014, les chiffres ont augmenté, le Mali déclarant une production de 45,8 tonnes et les EAU, des importations d’or en provenance du Mali s’élevant à 59,9 tonnes.
Partenariat Afrique Canada ne trouve pas d’explication aux écarts entre les données d’autant plus qu’une grande partie de la production industrielle de l’or du Mali est exportée vers les affineurs suisses et sud-africains.
L’organisation canadienne a exhorté le Mali à entreprendre un examen exhaustif de son régime fiscal de sorte à corriger les graves insuffisances.